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Un denier inédit de Pierrefonds

 

Jusqu’à présent on ne connaissait pas de monnaies mérovingiennes ou carolingiennes de Pierrefonds. On connaît bien des deniers féodaux  du comte de Soissons Conon (1175/1176-1180), portant le nom de Pierrefonds, mais qui furent probablement frappés à Soissons, entre 1175/1176 et août 1178, période où Conon était seigneur de Pierrefonds et comte associé de Soissons (gravure ci-contre).

Le droit présente un temple surmonté d’un soleil ou d’une croisette, avec, en légende circulaire: MONETA CANON
Au revers, la légende circulaire + DE PIEREFON' entoure une croix cantonnée de deux besants et deux croissants.

Lors de la séance ordinaire de la Société Française de Numismatique du 1er mars 2008, Michel Dhénin fit une communication ayant pour sujet : « Un denier carolingien de Lothaire d’un atelier inédit ». Or il se trouve que cet atelier inédit n’est autre que Pierrefonds. C’est pourquoi il nous semble très intéressant de donner ici un résumé de cette communication, dont on trouvera par ailleurs le texte intégral dans le bulletin de la SFN de mars 2008,

En juin 1988, lors d’une vente de la Maison Bourgey, la Bibliothèque nationale fit l’acquisition, par préemption, d’un petit lot de trois monnaies. L’une de ces pièces est un denier de Louis le Pieux, et une autre un denier dont l’attribution première à Louis V (986-987) est remise en cause.

La troisième monnaie, photo ci-contre,  un denier en argent d’un poids de 1,13 g.  présente :

Au droit
        - en légende circulaire :  + GRATIA  D – I  REX
        -au centre, un monogramme HL – T – R – S dont la lecture et l’interprétation ont permis à Michel Dhénin d’attribuer ce denier à Lothaire (954 – 986)

Au revers :
       -
 
au centre, une croix cantonnée de trois points et un S
        - en légende circulaire : :  ] ETRA […] N […] S

De savantes recherches ont amené Michel Dhénin à en déduire que la seule lecture qui s’impose pour cette légende du revers, est : PETRAFVNTIS, forme ancienne de  Pierrefonds, que l’on peut comparer avec celles données par Emile Lambert dans son ouvrage Toponymie du département de l’Oise, Amiens 1963 :
-  Petrafogium (vers 995), de Petri Fonte (XIe s.), de Petraefonte (1061), Petrofontium (XIe s.), Petra Fons (1113) In Petrefons (1128.)
Par ailleurs, si aucun acte de Lothaire n’a été signé à Pierrefonds, plusieurs l’ont été à Compiègne (15 km de Pierrefonds), et un à Trosly, qui peut être Trosly-Breuil (7 km) ou Trosly-Loire (dans l’Aisne, 30 km environ). Ces actes qui attestent d’une résidence de Lothaire dans les environs de Compiègne, rendent parfaitement possible un monnayage de ce même roi à Pierrefonds. Telle est la conclusion de Michel Dhénin.
 
Personnellement nous pouvons apporter un élément qui renforce considérablement cette attribution. Nous avons dans notre bibliothèque une petite plaquette : Note sur une monnaie féodale frappée pour Pierrefonds
[1] dans laquelle son auteur, J. du Lac se référant à Carlier [2], indique que dans une charte, Nivelon de Pierrefonds [3] est appelé Nivelo PETRAFONTIS dominus. À une lettre près, ce nom est celui que propose Michel Dhénin pour la lecture du denier étudié. 


[1] J. du Lac. Note sur une monnaie féodale frappée pour Pierrefonds. Extrait du Bulletin monumental N° 5 – 1877. Tours. Imprimerie Paul Bouserez. Pour accéder à cette référence, cliquez ici.
[2] Carlier, Histoire du Valois
[3] Peut-être Nivelon 1er (1030-1073)

André Dessaint

 

 

Denier de Conon
(Grossissement = 2)

Denier de Lothaire

Photo BSFN

    (Ici agrandie 2 fois)  

 

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