Assurément doué pour le commerce
des monnaies et des médailles, et plus tard des antiquités, ses
connaissances pratiques et la sûreté de son jugement, lui assurèrent
une grande notoriété, tant auprès de ses clients que de ses
collègues marchands. En 1845, il n'avait alors que 22 ans, il se
rendit à Londres pour la vente de la collection Thomas, puis deux
années plus tard, en 1847 à Vienne pour la vente Wellenheim. Bientôt
universellement connu pour son goût et la sûreté de son coup d'œil,
il se vit confier l'organisation de grandes ventes : celles du Baron
Behr, de Dupré, de Gréau, du docteur Colson (de Noyon), de Moustier,
d'Albert Barré, de His de la Salle, de Bompois, de Castellani, de
Gariel, de Belfort, de Photiadès-Pacha.
Jean-Henry Hoffmann, qui tenait un
magasin d'antiquités au 1 rue du Bac à Paris (VIIè), publia un
nombre considérable de catalogues illustrés qui, avant lui,
n'existaient pratiquement pas. De 1862 à 1864, il édita un bulletin
périodique, Le Numismate. Mais son ouvrage le plus important
reste celui paru en 1879 sous le titre: Les monnaies royales de
France.
Son
épouse, Mathilde Aimée Soive, née à Paris le 1er
novembre 1834 et décédée en ce même lieu le 1er janvier
1908, lui donna une fille, Alice Louise, née à Paris le 24 août
1853, décédée à l'âge de 78 ans.
Autodidacte,
devenu riche et célèbre, il n'oublia jamais ses débuts pénibles, et
garda en mémoire la façon dont il fut reçu dans les différentes
localités qu'il visita. Ainsi, il n'oublia jamais le bon accueil que
lui réservèrent les numismates de Compiègne, alors qu'il connaissait
des moments difficiles. Aussi, à la fin de sa vie, légua t-il, à
cette bonne ville de l'Oise, l'ensemble de sa bibliothèque
numismatique, justifiant son legs par ces mots, imprimés sur le
catalogue des ouvrages donnés:
«
Je désire laisser tous les livres qui composent ma bibliothèque
numismatique et archéologique, ainsi que tous mes catalogues, à la
Ville de Compiègne, en souvenir du bon accueil que j'y ai reçu des
amateurs de médailles, lorsque, au début de ma carrière commerciale,
et presque encore un enfant, j'ai été en rapport avec eux. Je prie
M. le comte du Lac, le seul survivant de cette époque, de vouloir
bien être mon intermédiaire auprès des autorités de la ville pour
faire agréer cette donation. »
Paris, mai 1894. H. HOFFMANN
M. Jean-Henry Hoffmann décéda à
Paris (XVIè) le 30 avril 1897*. Depuis longtemps déjà, il avait acquis la
nationalité française.
Je remercie Monsieur Michel Dhénin, conservateur général au
Cabinet des médailles, qui m'a aimablement communiqué des
éléments concernant Jean-Henry Hoffmann et le personnel de la
bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne qui m'a accueilli avec
beaucoup de gentillesse et de professionnalisme.
André Dessaint
*Christian
Wilhelm Froehner (Karlsruhe 1834 - Paris 1925) fut l'un des témoins
qui signèrent son acte de décès. Archéologue allemand, entré au
Louvre en 1862 comme Attaché au Département des Antiquités, puis
nommé Conservateur des Objets d'Art des Résidences Impériales,
auteur de catalogues de collections encore très utiles de nos jours,
il légua sa collection au Cabinet des Médailles et fit don de
statuettes et de papyrus au Département des Antiquités Egyptiennes.
|